Mois : mars 2007

Parution : 01/2007
L’album porte bien son nom : L’Héritage de Luther Arkwright. Car l’ombre du héros des Aventures de Luther Arkwright reste présente, voire pesante. Comment ? Vous vous demandez qui est ce Luther au nom impossible ? Créé par Bryan Talbot, ce personnage évolue entre différents parallèles (l’équivalent de dimension) dans une Angleterre victorienne modernisée. L’univers créé par Talbot est riche et complexe (souvent un peu trop pour de non initiés) et il s’y dégage un mélange de caricature et d’humour. Cette nouvelle série, se posant dans les jalons de l’ancienne (sans pour autant gêner la compréhension si l’opus fondateur n’a pas été lu), permet à Talbot de renouer avec cet univers. Les puritains ont été destitués, la reine Anne triomphe et tient le pays d’une main de fer. L’Empire Britannique suscite bien des convoitises, jusqu’au cœur même du Vatican qui envoie un tueur auprès de la reine ou dans les hautes sphères militaires qui complotent. Un duo de journalistes américains se retrouve aussi dans ces histoires, bien malgré eux. Et Victoria, la fille de la souveraine, n’arrive toujours pas à trouver sa place, entre une mère étouffante et la figure du héros national Luther Arkwright.
Histoire complexe, prolifération de détails et d’intrigues, univers steampunk décalé font de cet album un récit bien difficile à aborder et demandant pas mal de concentration. Talbot s’amuse avec ses personnages et aime à leur donner des vices : les moines bénéficient des talents des religieuses sous leur bure, les princesses soignent leur nausée en se masturbant, les puissants éliminent sans vergogne leurs opposants, les artistes sont de fidèles toutous du pouvoir, on y trouve même une Lady Diana complètement folle…
L’œuvre de Talbot est à connaître et cet album l’illustre à merveille, attention cependant pour les lecteurs égarés, ils risqueraient de se perdre.
Anthony Roux

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