Parution : 01/2012
A soixante ans, Marco est revenu de tout. De ses débuts à écrire la poésie puis dans la fleur de l’âge du polar, son parcours l’a entraîné dans la publicité pour enfin atterrir dans son canapé où il « profite » de sa retraite bien méritée. Celle-ci lui donne l’occasion de vivre avec sa jeune épouse une relation picaresque où l’humour vachard est un sport national. Et il aime ça, le bougre ! Adepte des anxiolytiques, hypocondriaque endémique, Marco goûte le masochisme domestique. Ces petites piques quotidiennes qui lui rappellent qu’il est vivant. Quand sa femme l’épargne de ses acerbes tendresses, notre pitre va chez le médecin ou se rabat sur tout un tas d’exutoires appropriés à sa complaisante déprime : gobage de flan, jeux à gratter, ésotérisme… Mais lorsque sa moitié devient sa maîtresse et lui échauffe les sangs à coup de fouet, Marco jubile. A l’image de sa relation avec son éditeur, la vie de Marco ressemble à s’y méprendre à celle d’un apôtre émotif qui s’éclaterait à faire le parcours du combattant. A défaut de marcher pieds nus dans la braise, ce dernier biaise et renouvelle la gamme des pénitences. Artiste torturé certes, mais faut pas déconner.
Un album de petit format, où Jean-Philippe Peyraud se fait un malin plaisir de malmener son héros dans ces strips de une a quatre cases. Son style « ligne claire » et les couleurs simples qu’il utilise soulignent l’efficacité du propos. L’humour incisif et le ton décapant donnent aux gags toute leur efficacité. On se plait à suivre Marco et à découvrir la puissante auto-dérision de Marc Villard dans ce livre où il appuie sur ces travers pour se moquer de sa condition d’auteur retraité et de celle de ses contemporains.
Un album vif et frais qui montre que la retraite n’est pas un long fleuve tranquille.
Alain Lamourette
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