Parution : 10/2007
Dans un Beyrouth défiguré par les tirs d’obus et les impacts de balles, la narratrice, qui n’est alors qu’une enfant, nous raconte comment sa famille a vécu cette guerre. Cette ville, désormais coupée en deux par la ligne de démarcation, est décorée de vieux conteneurs, de sacs de sable et de barbelés. Cet enfant, c’est Zeina Abirached elle-même. Elle explique comment ils ont été obligés de vivre, pendant des années, dans la seule pièce de la maison considérée comme sûre : l’entrée. Toutes les autres étaient condamnées car à la merci des franc-tireurs. Et puis, il y avait aussi Anhala, Chucri, Ernest, Challita et les autres. Tous ces gens qui vivaient dans son immeuble et avec qui ils partageaient leurs peurs. Tous attendaient une seule chose : la fin du conflit.
Auteure du visuel de l’affiche de BD Aix 2011 ainsi que d’un des Cubdés de l’exposition du même nom, Zeina Abirached (Je me souviens, Beyrouth) traite d’un sujet grave avec une tendresse et un réalisme incroyables. Cet album, tout en noir et blanc, est traité dans un style sobre et faussement simple. L’auteure joue des formes géométriques, ses personnages eux-mêmes répondent à certains codes bien précis (cheveux représentés par des spirales par exemple). Sa narration, parfois lente, use de séquences successives où seuls quelques petits détails varient. Le tout traduit bien le malaise ambiant de leur quotidien. Le fait que l’histoire soit narrée par Zeina enfant, est un bon choix, car cela apporte un peu de joie dans ce récit au sujet tragique.
Une belle découverte. Auteure à suivre sans aucun doute.
Stéphane Girardot
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