Parution : 05/2010
La République vit ses derniers jours, les chanceliers se succèdant les uns les autres. Alors que le parti nazi continue son ascension auprès du peuple, jouant d’alliances politiques et du soutien des industriels lassés de ce manque de stabilité, le Président Hindenburg remplace Kurt von Schleicher par Adolf Hitler en 1933. A la fois proche et loin de ces considérations, deux familles vont se briser. Ulrich von Kleist a compris que sa femme le trompait en retour de son infidélité. Découvrant qu’elle fréquente un de ses employés, il use de sa vieille amitié avec Göring pour l’envoyer en camp de concentration comme un partisan communiste. Bien que reniant l’idéologie nazie, il voit là un moyen de faire prospérer son usine, à condition qu’il puisse la faire mettre à son nom…
Poursuivant la description de la montée du nazisme avant la guerre, Jean-Blaise Djian parvient à y inclure une histoire bouleversante car tellement crédible. Par petites touches, il démontre comment des gens sans conviction politique peuvent adhérer aux méthodes qui leur permettront un enrichissement personnel. Faire le jeu d’une dictature sans s’en rendre compte semble soudain bien facile… Plutôt terrifiant. Le scénariste réussit aussi, au milieu de cette haine grandissante, à peindre le portrait d’une femme ordinaire et son combat face à un ennemi intérieur. S’il est parfois dommage que le dessin peine à retranscrire toute l’émotion et la terreur des protagonistes, l’ensemble est vivant et suffisamment évocateur pour mieux comprendre une page d’Histoire un peu délaissée.
Parfaitement documentées, jamais les informations n’entravent le récit intimiste. Un mélange habile, aussi passionnant qu’intéressant.
Arnaud Gueury
Chronique du Tome 1
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