Comme nous l’évoquions il y a quelques jours, Pif a fait son grand retour dans les kiosques. Vendu 5,90€, Pif se rapproche plus d’un Super Picsou Géant que du magazine d’origine, Pif Gadget… D’ailleurs, il n’y a pas de gadget non plus (à part des cartes postales offertes) ! Un choix assumé par la rédaction en chef, faute de temps pour trouver un gadget à la hauteur de la réputation. Mais un autre hors-série est déjà prévu pour Noël, le gadget fera-t’il donc sa réapparition ?
Côté contenu, on sent une alternance entre nostalgie et modernité.
Pour la nostalgie, on notera notamment une histoire de Pif des années 80, Corto Maltese, Horace, Rahan, Supermatou, Couick (du regretté Kamb, disparu en février dernier) et l’introduction de Rocketeer (qui renvoie vers l’album sorti chez Glénat, un choix curieux de ne finalement mettre que quelques pages, telle une preview).
Pour la modernité, Placid et Muzo totalement relookés – au grand dam des puristes – une nouvelle histoire de Pif, scénarisée par François Corteggiani, des jeux et des courtes anecdotes et infos insolites.
En revanche, Arthur le Fantôme, Dicentim, Pifou et bien d’autres sont aux abonnés absents.
Ce qui est le plus surprenant, c’est que l’éditorial s’adresse à un jeune lectorat, venant découvrir Pif et son univers. Pourtant, il est difficile de passer à côté de la double-lecture idéologique. On connaît les opinions politiques de François Corteggiani et ses déboires face au Front National, l’appartenance de Pif au Parti Communiste français mais le prosélytisme politique, dès le premier récit, est évident. Pif est dans un monde tenu par Krapulax et où la morale de l’histoire attaque clairement la montée de l’extrême droite. Même le choix du récit de Rahan va dans cette logique… Et que dire de la pub pour la Fête de l’Huma (également créditée dans l’ours) ? Est-ce une simple question de lecture d’un adulte ?
Ce qui donne au final une drôle d’impression : le message politique peut ne pas plaire à tous les parents, qui ne verront pas d’un bon œil d’acheter ce hors-série à leurs enfants, pourtant présentés comme la cible principale ; alors que le lectorat adulte, nostalgique de la grande époque de Pif n’appréciera pas forcément certaines nouveautés et regrettera l’absence de classiques. A voir désormais à Noël pour le prochain hors-série pour connaître quelle orientation prendra ce nouveau Pif… A moins qu’il soit juste là pour renflouer les caisses de l’Humanité ?
Anthony Roux
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