Les Profs reviennent en librairie avec un 17ème volume. La série humour a une belle longévité et a fait des petits : une adaption au cinéma (et une suite prévue pour l’été 2015), une série dérivée (Boulard) et des millions d’exemplaires vendus. Une sucess story du 9ème Art dont les auteurs vont nous parler.
Bulle d’Encre : Déjà le 17ème tome… Comme Gladys sur cet album, les auteurs ne pensent pas à la retraite. Comment expliquez-vous cette longévité ?
Erroc : Je ne pensais pas pouvoir faire 17 tomes avec les Profs, je pensais être « à sec » plus tôt. Mais j’ai toujours du plaisir à faire cette série parce que j’aime vraiment ces personnages. C’est comme une bande de copains. Et le public nous suit toujours, tant mieux, c’est à lui qu’on doit cette longévité (mais je serais incapable de l’expliquer).
BDE : Pica, vous avez participé à de nombreuses séries mais depuis les Profs, vous vous consacrez exclusivement à ces derniers. Un choix personnel ou tout simplement une contrainte de temps ?
Pica : Je ne me suis consacré qu’aux Profs suite au succès de la série. J’aurais sans doute travaillé sur d’autres albums, si ceux-ci s’étaient vendus un peu mieux sans forcément être au niveau des vente des Profs ! C’est devenu presque impossible de vivre en faisant de la BD sans succès de librairie, à moins de faire des tonnes de pages. C’est encore plus vrai de nos jours où les avances par album fondent comme peau de chagrin…
Puis le 16 mars 2009, j’ai fait un AVC qui m’a laissé handicapé avec notamment la main gauche paralysée. Comme j’avais des gags d’avance, le tome 12 est paru normalement, mais au cours du tome 14, j’ai éprouvé le besoin de me faire aider à l’encrage car je mettais beaucoup de temps à réaliser une page. Et j’ai décidé de passer la main pour le tome 18 qui sera dessiné par Simon Léturgie.
BDE : Plus de 10 ans après le premier album, quel regard portez-vous sur la série ?
Erroc : J’avoue que je suis assez fier de ce que nous avons fait, Pica et moi. Je crois qu’on a réussi à mettre en scène un univers cohérent, pas seulement humoristique, dans lequel on a abordé plein de sujets. Je suis surtout content que le public se renouvelle, ça prouve que nos héros ne se sont pas « ringardisés » avec le temps. Allez, ça fait du bien de se lancer des fleurs de temps en temps.
Pica : Depuis 15 ans que paraît la série en albums je suis étonné du succès jamais démenti.
Je pense que le fait que la série soit inter-générationnelle y est pour beaucoup, de plus tout le monde a fréquenté les bancs de l’école, c’est un sujet qui lui « parle » !
Au fil du temps le public s’est aussi, comme nous, pris d’affection pour les personnages et aime à les retrouver.
Ce n’est pas une série sur le métier de profs, mais la vie d’un petit monde comme pouvait l’être l’univers de Gaston, toutes proportions gardées…
Gilles [Erroc, ndlr] a une imagination extraordinaire et me surprend très souvent par ses trouvailles et les situations sans cesse renouvelées. Je lui tire un grand coup de chapeau !
BDE : Et l’adaptation ciné, qu’en avez-vous pensé ?
Erroc : J’ai bien aimé l’adaptation cinéma, malgré les différences avec la BD. Pef a choisi un angle plus burlesque, plus visuel, mais l’esprit est le même. Il a réussi à rendre les personnages attachants, ce que nous essayons de faire dans la BD. Et puis, grâce à ce film, on a plus parlé de notre série en 10 jours qu’en 10 ans!
Pica : Le premier film m’a comblé car notre univers a été respecté…
Et si je ne suis pas toujours fan des adaptations cinéma-BD, je trouve celle-ci réussie.
C’est un peu le n°0 de la série où l’équipe de profs se constitue…
J’attends de voir ce que donnera le second…
BDE : Simon, comme Mauricet, vous rejoignez en cours de route l’univers des Profs. Ce n’est pas trop difficile d’arriver sur une série qui a déjà des jalons bien posés et un lectorat fidèle ?
Simon Léturgie : J’ai toujours aimé la bande dessinée dite populaire. La série les Profs en est une digne représentante. Même si Les Profs comprend de nombreux tomes, il s’agit ici pour moi d’une partie technique, l’encrage, donc la pression n’est pas sur mes épaules.
BDE : Y’a-t’il eu des contraintes particulières ?
Simon Léturgie : L’objectif est de garder le dessin de Pica, de m’effacer tout en étant le plus précis possible. Pour l’encrage, j’ai privilégié un travail traditionnel à la main, à l’encre sur papier, de façon à retrouver un trait plus naturel que j’affectionne dans le travail de Pica.
BDE : Comment vous vous répartissez les tâches au dessin ?
Simon Léturgie : Pica fait tout le dessin, très précisément à la tablette. J’imprime le tout en bleu, fais l’encrage, scanne et lui renvoie les fichiers. Il retouche alors l’ensemble pour être au plus près de ses choix de dessin.
Pica : Pour le tome 17, j’ai assuré tout le crayonné des gags sur tablette graphique et Simon a fait un formidable encrage très fidèle.
Depuis mon accident, mon dessin a perdu en punch et mes personnages sont plus « figés », le fait que je suis moi-même moins mobile joue certainement un rôle…
Je ne me suis jamais vraiment habitué au dessin informatique, c’est la raison de ma retraite sur la série.
Je mettais 4 fois plus de temps pour faire un gag au crayon qu’auparavant pour le faire entièrement pour un résultat qui ne me satisfait qu’à moitié.
Bulle d’Encre : Et ensuite, que nous réservent les Profs pour les prochaines années ?
Erroc : Je ne sais absolument pas ce que vont devenir les Profs dans les prochaines années. Je prends toujours plein de notes mais je ne les utilise jamais. Ce que j’aimerais bien faire c’est une histoire longue, sur le modèle de « Virus au bahut », le petit roman jeunesse que nous avons publié en 2010. Mais la vraie nouveauté pour le tome 18, c’est que le dessin sera assuré par Simon Léturgie ! (On l’applaudit)
Interview réalisée par Anthony Roux le 6 mai 2015
© Erroc, Pica – Editions Bamboo
Toutes les images sont la propriété de leurs auteurs et ne peuvent être utilisées sans leur accord.
Cliquez sur les images pour les agrandir.
Poster un Commentaire