Parution : 09/2013
L’Âme en sang est un témoignage documentaire sur six vétérans qui ont fait la guerre en Irak pour contrer les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Menace bien vaine, mais depuis c’est la violence traumatique qui coule dans leurs veines. Olivier Morel réalise et témoigne, mais souffre de ne pas pouvoir tout mettre dans son film. Le trop plein d’émotions, les spectres casqués qui pèsent sur chacun d’entre eux, l’odeur du sang qui les suit pas à pas, les questions qui surgissent : combien en a-t-il tué ? Étaient-ils jeunes ou vieux ? A-t-il pris des photos de scènes de torture ? A-t-il pris du plaisir à voir des ennemis humiliés ? C’est avec une tendresse, une pudeur et une humanité sans faille qu’Olivier Morel va au charbon. Il rend compte point par point du traumatisme que la guerre engendre, des horreurs qu’elle provoque et des dégâts qu’elle laisse chez ceux qui l’ont fait, ou pas.
Un témoignage fort et puissant servi à merveille par le dessin pudique et respectueux de Maël. L’auteur, habitué à rendre les scènes de guerre dans Notre mère la guerre, trouve ici un ressort plus psychologique à ce sujet lourd et grave. Les évocations de l’horreur de la guerre donnent de la profondeur à un propos qui donne le vertige. En funambule, Olivier Morel marche sur le fil auquel l’humanité est suspendue. Dans le viseur de sa caméra, il s’attache à ceux dont il ne peut pas partager la douleur. Il s’attache même au souvenir d’un d’entre eux, victime de la guerre, mais qui n’a pas succombé au champ d’honneur.
Un point de vue distancié sur un conflit récent mais qui reste au plus près d’une humanité ensanglantée.
Alain Lamourette
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