Parution : 06/2013
Il n’y a rien qui ressemble plus à un dessinateur de bande dessinée qu’un dessinateur de bande dessinée. Tous des besogneux renfrognés, obsédés de la perfection esthétique, débusquant la poésie dans leur vie riche de rencontres et dans leur culture intarissable… Tous ? Non, un groupe d’indécrottables geeks onanistes – tellement obnubilés par leur univers de stupre qu’ils en oublient toutes notions d’hygiène – résistent encore et toujours au bon goût et à la bienséance. Parmi eux, Victor Walou. Tel le palouf d’un célèbre MMORPG, il collectionne les items qui imposent le respect dans cette guilde poisseuse. Il y impose son style décadent et incongru dans le monde rigoureux de l’édition. Toujours avide d’une popo houblonné qui lui confère le super-pouvoir d’effacer sa propre mémoire, Victor a développé l’habilité d’alchimiste pour créer des breuvages qui permettent de le désincarner et de se rendre compte de l’état du champ de bataille dans lequel il patauge. D’un level déjà bien avancé, il touche le concept de dieu et mène sa guilde d’une main souple mais frénétique.
Un album qui caricature son auteur, Vermine01, sans se mettre de limite et qui verse dans l’humour potache. On y suit les déboires (et les boires aussi!) d’un dessinateur de bande dessinée précaire qui se plie aux contingences familiales et matérielles pour pouvoir joindre les deux bouts mais qui ne rêve que de vivre de son art. Mais Victor Walou porte bien son nom et, amateur de contresens, voire de contradiction, il arpente – à reculons – le chemin inéluctable de la loose attitude. Il n’en reste que ses putrides turpitudes ne laisseront pas les lecteurs et les lectrices de marbre. Car cet album volontairement graveleux se fend de s’adresser également au public féminin, qui pourrait parfois nous laisser croire à sa pudeur outragée. On rigole beaucoup de ses conneries et, en ce sens, c’est un album très réussi.
Au panthéon des dessinateurs de bande dessinée brillamment foireux, Victor Walou se place… en dernière position. Évidemment.
Alain Lamourette
Excellent album.