Parution : 01/2013
Le milieu des enchères est un univers à part où se retrouvent des connaisseurs, des amateurs, des professionnels… C’est un lieu d’échange qui fait de la consommation une manière de sport de combat. Lors de la vente de trophées de chasse, Simon n’est pas très à l’aise. Ce n’est pas un habitué des salles de ventes et le crâne de tigre qui avait retenu son attention a vite dépassé son modeste budget. Ce n’est pas le cas des cornes de Kouprey de son ami Louise, qu’il a ajouté à sa demande à la dernière minute. Le commissaire des ventes, ignorant la valeur du « Massacre » et l’animal qui a fièrement porté ces cornes, a lancé l’enchère à 200€. Dans le fond de la salle, les combattants n’attendaient que cela. Dans le coin gauche, Limul Goma, un dandy longiligne et grisonnant qui ne peut se départir de son air pétillant et avide d’en découdre. Dans le coin droit, une petit homme dont les lunettes noires ne cachent pas bien ses origines asiatiques. Celui-ci, en nage, est au téléphone et enchérit à la suite de son adversaire. L’enchère dépasse le million d’euros et Simon n’en revient pas. Goma remporte l’affrontement au nez et à la barbe du petit homme furibard qui monte dans une Rolls blanche. Le vainqueur monte dans son Hummer conduit par son garde du corps. Faisant fi du fairplay, la Rolls suit le monstre mécanique et joue les prolongations dans une course poursuite effrénée.
Simon Hureau signe ici le deuxième tome des aventures de Limul Goma. Ce personnage singulier s’intéresse à l’histoire des objets de son musée insolite. Avec Le Massacre, l’auteur nous plonge dans le passé du génocide cambodgien et de la dictature de Pol Pot. Il confirme également son goût pour la zoologie en déroulant l’intrigue de cet ouvrage autour du Kouprey, bovidé disparu dont les mâles atteignaient 1m90 au garrot. En 60 planches, la grande et la petite histoire se croisent et s’entrecroisent par le truchement de multiples rebondissement et des aller-retours entre passé et présent. Le sens de l’intrigue et la mise en scène vive et surprenante de cet album procurent une réelle facilité de lecture et attisent l’appétit du lecteur. Et ce, malgré la place très importante que tiennent les dialogues et le texte nécessaires à rendre parfaitement l’aboutissement de la démarche.
Avec la passion d’un brocanteur acharné, Simon Hureau propose au lecteur de fouiller dans ses greniers. Des trésors enfouis sous la poussière de son bric à brac, Limul Goma s’est constitué la plus riche des collections, une collection d’aventures et de mystères qu’à contrario des objets précieux, il partage largement.
Alain Lamourette
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