Parution : 01/2013
Une fois n’est pas coutume quand on s’attaque à Speedball, c’est la couverture qui, la première, fait parler la poudre. Celle-ci, peinte par Cromwell, met en scène les plages du débarquement de Normandie. Dans le coin droit, la pétasse yankee court vêtue en bottes étoilées et mini-short, affublée d’un chihuahua démoniaque. Dans le coin gauche, la goule nazie au faciès squelettique et à la poitrine opulente accompagnée d’un loup domestiquement sanguinaire. Le ton est donné, le lecteur entre à ce moment-là dans une zone de guerre. Et comme le signale le superlatif absolu, Jess X, ce tome 7 de Speedball est une arme de la contre-culture, un gilet pare-balle contre la niaiserie et le dénuement intellectuel, une muraille contre l’hypocrisie et la vanité. S’ensuit donc un assaut culturel massif et anarchique contre tous les boute-feu, contre tous les va-t’en-guerre, contre cette nature humaine qui nous pousse inexorablement à l’asservissement et à la destruction.
Le grand retour de ce fanzine délicieusement subversif et malicieusement conçu comme un bon pied au cul des bonnes consciences et des conventions politiquement correctes. Cromwell donc, Chester forcément, mais aussi Taga, Peco, Tomahawk, Slo, Cha, Jess X – inégalable dans la BD trash -, Bunk, Louna, Madd et Melvin, livrent au lecteur sa dose annuelle de Speedball. Car, qu’on le veuille ou non, l’énergie délirante, le ton irrévérencieux et l’aspect léché et vindicatif de ce petit format souple, en noir et blanc, sont terriblement efficaces. Sans se prendre au sérieux, mais sans prendre son lectorat pour des cons, la bande à Chester déballe ses tripes et prend les armes.
Le fer de lance de la bande dessinée alternative est chauffé à blanc, toujours prêt à cautériser la plaie béante de l’inconséquente société bourgeoise.
Alain Lamourette
Chronique du Tome 6
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