Histoires de France T1 (Deutsch & Runberg, Ocaña, Merli) – Casterman – 10,95€

Parution : 11/2012

Février 1525, bataille de Pavie. Après des années à avoir combattu côté à côte, le roi François Ier et Charles III de Bourbon, dit « Le Connétable », s’affrontent dans une lutte sanglante. Après s’être vaillamment défendu, le souverain de France est fait prisonnier par l’ennemi. Mis à l’isolement, il doit faire face à son vainqueur et ancien allié. Avant que son sort ne soit débattu, il va tenter de comprendre comment celui qui l’a aidé si longtemps, s’illustrant notamment lors de la victoire de Marignan, a pu rallier les rangs de Charles Quint et devenir un traitre à sa nation…
Après le succès phénoménal du livre Métronome – publié chez Michel Lafon, co-éditeur de cette bande dessinée – et de son adaptation télé, Lorànt Deutsch poursuit son œuvre de vulgarisation de l’Histoire à travers cette série qui s’annonce enthousiasmante. Passionné par le sujet depuis des années, le comédien a eu l’idée de revenir sur des événements historiques à travers des personnages méconnus restés dans l’ombre de grands hommes. Les prochains tomes s’attacheront ainsi en 2013 aux duos Charette et Napoléon, puis Fouquet et Louis XIV. Tout en conservant un grand souci d’exactitude, il se permet quelques libertés pour renforcer et condenser le récit, tout comme pour le rendre plus vivant. Une façon aussi d’éviter tout didactisme. Chargé d’en écrire le scénario, Sylvain Runberg crée un huis-clos entre les deux héros, avec des flash-backs sur leur relation, qui aurait même pu soutenir l’intégralité de l’album. Ce face-à-face réussi offre une densité et une profondeur assez inattendues, qui montre qu’un projet de commande peut être de qualité lorsque le talent est présent. Au dessin, il retrouve Eduardo Ocaña, son complice sur Les Carnets de Darwin, qui réalise une belle prestation sur un exercice pas évident.
Une belle surprise, portée par une excellente idée et des auteurs qui relancent l’intérêt des séries historiques, en donnant envie de se plonger plus avant dans le sujet une fois l’album refermé.

Arnaud Gueury