Parution : 01/2013
1917. Alors qu’elle avait totalement coupé les ponts avec elle, Jeanne Zelle reçoit des nouvelles de sa mère. Celle-ci va être exécutée en France, pour espionnage. Car elle n’est autre que la femme connue sous le nom de Mata Hari. Malgré toute sa rancœur, Jeanne va lui rendre une dernière visite, pour lui annoncer qu’elle retourne là où elle a grandi, sur l’île de Java. Elle compte y avoir la vie simple à laquelle sa mère a tourné le dos bien des années avant. Après ces adieux et les mises en garde de l’ancienne danseuse exotique, la jeune femme arrive au bout du monde. Hélas, tout démarre mal, entre les soupçons de l’administration à son égard et un attentat témoignant de l’hostilité des autochtones face aux colons néerlandais…
Voilà bien un album, mené par le trio d’auteurs de Magus, qui semble souffrir du carcan souvent étroit de la BD franco-belge. Car si le dessin d’Annabel est toujours aussi beau, en progrès constant depuis ses précédentes œuvres, les scénaristes semblent manquer d’espace pour fluidifier leur récit. Les changements de lieux, de narrateurs ou d’époques, obligent à un certain effort pour tout resituer en début de scène, ce qui alourdit considérablement la lecture. Les arrivées soudaines de nouveaux personnages, accompagnées de monologues intérieures en voix off, sont également difficiles à repérer et à intégrer. Une lourdeur dommageable car le graphisme est au contraire fin et clair, terriblement impressionnant par le regard des personnages, et l’histoire de François Debois et Cyrus ne manque pas d’intérêt. Basés sur le passé véridique de Mata Hari à Java, ils mêlent magie orientale et fiction historique avec un certain talent.
Un début de diptyque confus, qui nécessitera une attention particulière pour apprécier une intrigue originale et déroutante, et surtout un magnifique dessin, précis et personnel.
Arnaud Gueury
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