Parution : 11/2011
La jeune Christina Elliott a été déshonorée dans la lande à l’insu de son courtisan Archibald Weir. Lorsque le corps inerte de Frank Innes est retrouvé près de la pierre du Tisseur maculée de sang, les forces de l’ordre mettent immédiatement Archie aux arrêts. Son père, le terrible Juge Pendeur, lui rend visite dans la cellule où il est écroué. Il constate alors le mutisme dans lequel s’enfonce l’accusé et l’aplomb avec lequel il lui assène avoir revu ses considérations vis-à-vis de la peine de mort. Bien qu’il soit au plus mal de la situation, la noblesse d’âme d’Archibald n’a d’égale que la profondeur de ses sentiments pour la jeune femme : un aveu public des raisons de son crime reviendrait à déshonorer une seconde fois l’être aimé. Mais bien qu’il se fasse fort de garder un lourd secret, Archibald Weir est néanmoins un orateur habile et fort capable de moucher son juge inquisiteur hostile et véhément…
Jean Harambat s’offre ce tome de fin inédit du roman inachevé de Robert Louis Stevenson. Dans la droite lignée du premier, il mène avec grand talent un récit poétique où s’entremêlent codes moraux rectilignes et folles pulsions passionnelles. Le juge Hermiston, écarté de cette affaire, tient un rôle bien plus important dans ce tome que dans le premier, où son ombrage planait sur son fils. Le jeune Archie est ici deux fois jugé pour un crime qu’il a avoué mais dont personne ne connaîtra les circonstances. L’accusation et la sentence familiale de son fils, malgré l’âpre défense de la farouche gouvernante, concluent à l’alliance impossible de la glace et du fer. L’esthétique d’Harambat rend parfaitement le nuancier de couleur que revêt l’automne dans les régions du nord de l’Europe. Un décor à la poésie froide et sourde à l’image des ces personnages nobles et flegmatiques emportés dans cette tragique tourmente.
Une très belle série en deux tomes équilibrée et passionnante. Un très bel hommage qui éveille un nouvel appétit pour l’œuvre de Stevenson.
Alain Lamourette
Chronique du Tome 1
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