Parution : 09/2011
Dimanche 16 mai 1898, la une du supplément illustré du Petit Journal annonce un gendarme lâchement poignardé lors d’une rixe avec des apaches. Et elles ne sont pas rares ces rixes, à l’époque ou la jeunesse parisienne des bals populaires n’hésite pas à se frotter aux perdreaux et à jouer du surin. Les valeurs morales ne sont pas de mode. Les filles de joie et leurs marles ont pignon sur rue. Quand la ravissante Émilie rencontre Matelot, elle s’éprend de lui. Vite, très vite, trop vite, le jeune homme lui offre un avenir à l’image de celui de ses parents. « Mon père avait deux maîtresses, l’usine et l’église; la seconde l’a abandonnée; la première le tue à petits feux… » dit la jeune fille. Le pauvre garçon comprend alors que l’air de liberté qui souffle dans les rues de Paname est vital pour un bel oiseau comme Émilie. Mais, au grand air, la faune se régale d’avance de voir cette jeune proie naïve ballotée au gré des rencontres…
Un album où l’on se plonge avec délice dans le Paris de Toulouse-Lautrec et de Bruand. Le ton est gouailleur à souhait, les références sont finement instillées tout au long du récit. Le découpage en trois parties par les parodies de une du petit journal illustré est très appréciable. Celles-ci témoignent du travail d’investigation des auteurs et de références à des faits divers précis. Le dessin de Kas s’inspire directement des codes esthétiques de l’époque. Une série empreinte de réalisme, qui nous invite à nous promener dans le Paris sulfureux de la fin du XIXème siècle.
Encore un album de la collection Signé qui brille par sa qualité et sa richesse documentaire.
Alain Lamourette
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