Parution : 09/2011
20 décembre 2058, sur le seuil de la nouvelle année, à quelques battements de cloches d’un Noël qu’on devine bien morne, Zach prend le « tub ». Au regard vide de ce golgoth au visage poupin, ce voyage a des airs de voie sans issue. Quelle est donc la volonté supérieure qui le pousse à quitter sa campagne natale ? Aussitôt assis, un écran s’allume sur le visage de Springy Fool et de la plantureuse A.l.i.c.e. Ils happent les spectateurs et ne les laisseront plus seul une seule minute. Springy Fool dans son habit de Lapin Blanc dirige ce nouveau pays des merveilles : Monplaisir, ville de 300 000 hectares accueillant 18 millions de visiteurs qui souhaitent s’amuser, chacun à leur manière. A son arrivée sur place, Zach est accueilli par son instructeur de l’école des policiers d’élites : Urban Interceptor (UI). Des jeunes filles sont assassinées et cruellement mutilées. L’UI sur l’enquête se fait assassiner. A Monplaisir, tout est source de divertissement et la traque de l’assassin par un jeune UI, rival de Zach, devient un jeu télévisé orchestré par le cynique Springy. Les parieurs en salivent d’avance…
Un album d’une qualité graphique exceptionnelle. La comparaison de Roberto Ricci avec Juan Gimenez est frappante tant par la texture des personnages et de l’univers clair/artificiel et obscur/sale, que par la vivacité de la mise en scène. Le scénario de Luc Brunschwig, une mécanique d’une grande précision, plante les bases de ce qui s’annonce être une grande série d’anticipation. Tout y est : hyper-industrialisation, omniprésence d’écrans et de caméras de surveillance, racolage permanent, télé réalité extrême, violente et mortifère, superficialité et déshumanisation des masses et consommation nauséabonde. Un album époustouflant qui apporte sa pierre d’originalité à la forteresse du genre.
“Ladders and snakes…Ladders give, snakes take…Rich man, poor man, beggarman, thief…Ain’t got a hope in hell, that’s my belief…” Un extrait de la chanson Sin City d’AC/DC, source d’inspiration de bons nombres d’œuvres cultes, comme celle-ci est appelée à le devenir.
Alain Lamourette
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