Parution : 01/2011
L’histoire pourrait commencer comme une bonne blague : Marc Chagall, le « Cheval Juif », le violoniste et le Christ (himself) découvrent un « Shtetl » (entendez village juif d’Europe de l’est) dévasté par une bande de militaires cosaques sanguinaires, rendus à l’état le plus primitif de sauvagerie par l’absence de chef et le désœuvrement. Notre héros, loin de se laisser aller à l’atermoiement, convoite plutôt une belle dont le nom n’apporte rien à l’histoire. Fourvoyé par un rêve où il entrevoit la réalisation de l’opéra de Paris bien des années après et pétri de passion, notre héros décide de réaliser un opéra qui séduira à coup sur la belle. Nos quatre larrons et les cosaques s’engagent donc sur les chemins de bohème… allant même jusqu’à engager un groupe de prostituées pour jouer les anges du ciel. Mais la farce tourne court, l’onirisme et la poésie du peintre sont peu de chose face à la violence et à la sauvagerie des hommes…
Dans une Russie en pleine révolution, quatre hommes plus anachroniques les uns que les autres vivent des heures terribles et heureuses… Un conte philosophique Yiddish qui prophétise a posteriori une des catastrophes majeures du siècle dernier. Le lecteur averti à la peinture de Chagall retrouvera dans cet album toutes les références de l’œuvre du peintre. On reconnaît le goût onirique du plébiscité Joann Sfar, qui est certainement la genèse de cet album sur Chagall, outre la sensibilité slave. L’onirisme du peintre est mis en abîme par le dessinateur.
Une bande dessinée hommage dont il est nécessaire de prendre toute la mesure poétique.
Alain Lamourette
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