Nous avons profité de la présence de Jérémy lors du dernier festival d’Angoulême pour lui poser quelques questions et en savoir un peu plus sur la première série de sa jeune carrière.
Chronique du Tome 1
Retrouvez en fin d’interview quelques extraits et bonus de Barracuda.
Bulle d’Encre : Bonjour Jérémy. Après avoir réalisé les couleurs des quatre derniers épisodes de Murena, sans oublier La Complainte des landes perdues dont vous avez également repris les couleurs, vous lancez votre carrière de dessinateur avec Barracuda aux côtés de Jean Dufaux. On peut dire que c’est un départ idyllique pour un jeune auteur ?
Jérémy : C’est sûr qu’il est difficile de rêver mieux, en tout cas pour ma part, car Jean Dufaux est quelqu’un dont j’admire beaucoup le travail. Ce qu’il y a de bien avec Jean, c’est que, malgré mon jeune âge, il reste à l’écoute de ce que j’ai à dire, il me laisse vraiment une grande part de liberté dans la création purement artistique de l’album. Jean Dufaux est en quelque sorte le parrain de la bande de dessinateurs avec qui il travaille, on se voit tous régulièrement et cela donne une ambiance familiale. Je vois plus souvent Philippe Delaby et Philippe Xavier, on se montre mutuellement nos planches, cela permet de créer une certaine émulation et de progresser plus rapidement.
BDE : Quelle est la scène dans ce tome 1 que vous avez trouvé le plus intéressant à réaliser ?
J : J’aime bien les passages plus intimistes, les dialogues tout simples entre les personnages où tout se joue finalement avec le jeu de cadrage des caméras. Ce n’est pas forcément plus compliqué qu’une grosse scène d’action comme l’abordage du début d’album. Il est vrai par contre que je prends mon pied sur ce type de scène où j’ai l’occasion de mettre des personnages en mouvement. Jean Dufaux l’a compris et cela se ressentira dans le second tome où je pourrais me permettre d’aller plus loin dans le mouvement.
BDE : L’idée de base de Barracuda vient-elle de vous ou de Jean Dufaux ?
J : Quand je me suis présenté à Jean Dufaux avec mes travaux, il y avait des planches qui se déroulaient dans un univers de pirates et c’est à partir de là que Barracuda est né. Jean avait le scénario dans ses tiroirs depuis un bon moment, il ne lui manquait plus qu’à trouver le dessinateur qui lui convenait. C’est un peu comme cela que les histoires naissent en BD, ça a en tout cas été le cas pour Philippe Delaby et Philippe Xavier, respectivement sur Murena et Croisades. Pour revenir à la question, Jean Dufaux a un fil rouge qui est parfaitement construit mais dans cette histoire il peut encore se permettre certaines libertés et modifier certaines choses. C’est d’ailleurs pour cela qu’il ne me donne pas le scénario complet, il préfère me le donner par séquence de 5 à 10 planches pour peaufiner si nécessaire certains éléments. Je vais vous donner un exemple concret : Jean m’avait dit que Mr Flynn avait un rival dans l’histoire qui interviendrait dans le second album et je lui avais soumis une idée pour ce rival, physiquement je voulais qu’il soit traité d’une certaine manière. Jean m’a écouté, il l’a fait et il est allé encore plus loin en créant toute une histoire autour des personnages de Flynn et de son rival et plus précisément une origine quant à ce physique assez balafré.
BDE : Jean Dufaux a annoncé dans la préface du 1er tome que Barracuda suivrait le destin des trois jeunes protagonistes et se focaliserait sur l’histoire se déroulant sur l’île de Puerto Blanco. N’est-ce pas frustrant quand on dessine une histoire de pirates ?
J : Non, car il y aura malgré tout des scènes se déroulant sur la mer avec le Barracuda et son capitaine même si ce n’est pas l’objet principal de notre histoire. Ce qui compte, c’est vraiment l’évolution des personnages, savoir comment ils vont évoluer et survivre sur cette île de pirates. Entre le premier et le second tome, trois années vont s’être écoulées, le Barracuda ne sera toujours pas revenu, plein de choses se seront passées dans la vie des trois jeunes protagonistes et il y aura quelques surprises notamment au niveau du personnage de Maria. Je ne peux pas trop en dire mais, la concernant, il ne s’agira pas d’une vengeance gratuite mais quelque chose de beaucoup plus subtil et finalement plus cruel.
BDE : Vous aviez annoncé que le tome 1 sortirait une fois que le tome 2 serait fini. Qu’en est-il ?
J : Il me faut un an pour réaliser un album et j’ai pris du retard avec les couleurs de Murena. Le tome 1 de Barracuda a été terminé un an avant sa sortie en librairie, cela m’a permis d’avancer un peu sur le tome 2 en parallèle des couleurs de Murena mais cela est assez difficile de jongler entre les deux.
BDE : Un second cycle est-il déjà envisagé ou souhaitez-vous embarquer sur une autre aventure diamétralement opposée à la piraterie ?
J : Avant de penser à un second cycle, il nous faudra boucler le premier qui, malgré ce que l’on avait annoncé au préalable, sera composé de quatre ou cinq albums, cela reste encore à définir. Jean savait dès le départ qu’il faudrait couper bon nombre de passages pour tenir l’histoire en trois tomes et cela aurait été dommage. Le tome 1 ayant reçu d’assez bons retours et le premier tirage étant écoulé, nous avons décidé de nous permettre de placer les scènes qui à la base n’étaient pas prévues mais qui valent la peine d’être racontées. Graphiquement, cela me permettra de faire d’autre chose, par exemple, concernant le passé de Flynn, l’action se déroulera à Londres. J’ai d’ailleurs fait pas mal de recherches là-dessus et même si l’on n’indique pas forcément les noms d’illustres personnages de l’Histoire, les personnes qui s’y connaissent un peu les reconnaîtront.
BDE : D’autres projets à venir ?
J : Pour l’instant je me concentre exclusivement sur Barracuda, cela me demande déjà une année pour réaliser un album donc je ne souhaite pas m’éparpiller sur plusieurs projets.
BDE : Merci à vous !
Propos recueillis par Nicolas Vadeau.
Interview réalisée le 28 janvier 2011.
© Dargaud/Dufaux/Jérémy
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