Parution : 01/1997
« Achille Talon, érudit. » Ce bourgeois bedonnant, au nez proéminent et au verbe savant, n’est pas l’exemple le plus parfait de la modestie ou de la simplicité, mais ne lui dites surtout pas ! Vous seriez alors traités de cuistre, comme Hilarion Lefuneste, son fieffé voisin qui ne manque pas une occasion de le rabaisser devant public. Ce que Chichille n’apprécie guère, surtout devant la si distinguée Virgule de Guillemet – rendez-vous compte, elle connait des ministres ! – ou son cher papa, grand amateur de houblon et de son utilisation alcoolisée. Qu’il est dur de garder toute sa prestance quand le monde entier évolue plus vite que vous…
Né en 1963 du crayon de Greg, Achille Talon vit aujourd’hui des aventures sans son créateur, disparu il y a 10 ans déjà. Peu avant sa mort, Dargaud avait entamé une réédition complète de sa série fétiche en 14 tomes. D’abord intitulée Mon œuvre à moi, cette intégrale regroupe les trois premiers tomes parus à la fin des années 60. L’occasion de voir une rapide évolution du personnage. Des gags en une planche du Tome 1 mettant souvent aux prises Achille et des enfants, symbole du décalage culturel voulu par Greg, le deuxième passe déjà aux histoires en deux pages qui seront longtemps conservées comme modèle jusqu’aux aventures longues qui suivront plus tard. Il faut rappeler qu’à l’origine, Achille était une commande de René Goscinny qui voulait des gags courts capables de combler les espaces publicitaires non-utilisés dans le journal Pilote. Mais le succès fut immédiat, les lecteurs adoptant le fameux langage achillien pour réclamer plus d’histoires ! 46 ans après, il reste une légende de la BD franco-belge, traduit à l’étranger et adapté en dessin animé, avec la voix de Greg pour Lefuneste, l’auteur s’étant à l’origine lui-même caricaturé pour créer ce personnage !
Et hop !
Arnaud Gueury
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