Parution : 03/2009
« Le coup de sang », c’est ainsi que l’on nomme ce dérèglement climatique qui a dévasté le monde. Une catastrophe naturelle implacable qui dérègle le climat, transforme les reliefs et étend la mer sur toute la surface de la planète. L’eau potable est devenue la richesse à préserver, à trouver… Dans ce monde apocalyptique, seuls quelques îlots préservés des éléments semblent tenir le coup. Mais c’est par la mer qu’il faut le rejoindre et le détroit D17 est le seul chemin praticable. Lester Outside va ainsi croiser la route d’un certain Franck Bacon, tueur, cobaye et dauphin. Ce n’est plus qu’une question de temps pour que la famille Owles entre en jeu et que les destins se croisent.
Finie la peinture pour cet opus, le décor fascinant mais pourtant macabre a été dessiné aux crayons gras, directement sur papier gris. Le ton et l’ambiance sont posés. Enki Bilal nous propose dans ce one-shot d’une centaine de pages une certaine vision du monde face au dérèglement climatique. Il l’a voulu martyrisé, dérangeant, meurtrier, austère : autant d’adjectifs qui auraient pu qualifier les hommes que nous sommes, autant de piques qu’il nous lance pour ce que nous faisons subir à notre propre planète. Qui risque un jour de bien nous le rendre. Mais il subsiste toutefois cette petite lueur d’espoir, ces eldorados isolés qui donnent un but à ces personnages hétéroclites, qui leur donne l’envie d’avancer pour vivre. Bilal semble vouloir nous prévenir que nous pouvons encore nous reprendre, changer d’attitude, prendre du recul. Agir, avant que la planète ne le fasse. Prendre en main notre propre survie.
Un album qui séduira les fans de la première heures de Bilal, mais aussi les nouveaux venus qui souhaiteraient le découvrir. Un album dérangeant mais envoûtant.
Candice Dhô
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