Parution : 11/2008
1958-1959 ! C’est une période faste pour André Franquin, qui frôle le surmenage. Outre ses autres séries, le dessinateur doit fournir des histoires de Spirou et Fantasio à l’hebdomadaire Spirou bien sûr, mais également pour un temps au journal Le Parisien Libéré. Ce rythme soutenu, très bien expliqué dans le dossier introductif, l’oblige à s’adjoindre plusieurs collaborateurs, et pas des moindres, puisqu’il va travailler avec Greg au scénario, Jidéhem et Roba au dessin.
La plus grande réussite de cette période est sans conteste Le Prisonnier du Bouddha, un des tout meilleurs Spirou de Franquin et de la série tout court, à mon goût. On y retrouve l’exotisme d’une aventure lointaine, du genre à faire rêver les lecteurs, et l’humour du gag, ou plutôt ici du G.A.G., le prodigieux appareil inventé conjointement par les savants Inovskyev et Longplaying, respectivement soviétique et américain, un clin d’œil au contexte de l’époque. Tembo Tabou est ensuite l’occasion pour nos héros de retourner en Afrique, et pour nous d’admirer le travail graphique du futur créateur de Boule et Bill. Viennent après Spirou et les hommes-bulles, une suite très sympathique, surtout pour son dénouement utopique, du Repaire de la Murène, et enfin Les Petits Formats, très réjouissante grâce à son mystère bien entretenu et à un Spirou qui montre qu’il peut être impulsif, dès lors qu’on s’attaque à son compère Fantasio.
C’est avec les honneurs que l’atelier Franquin sort de ces années galère, des années galère bien différentes de celles que la série connaît actuellement.
Nicolas Raduget
Chronique du Tome 5
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