Parution : 04/2008
Décidément, cette collection parallèle de Spirou et Fantasio est une véritable fourmilière à merveilles. Les auteurs n’ont droit qu’à un seul album et semblent prendre un plaisir fou à le peaufiner pour nous surprendre à chaque fois. Après le résultat étincelant des trois premiers travaux, c’est Emile Bravo qui s’y colle dans un tout autre registre. L’auteur a décidé de mettre en scène la première rencontre de nos héros, et de réaliser du coup l’album fondateur de la série classique. Un sacré défi ! D’autant plus que cette rencontre s’effectue à Bruxelles, en été 1939, à la veille du déclenchement de la seconde guerre mondiale. Le contexte est donc on ne peut plus délicat et risqué, quand on connaît la trace laissée par l’événement dans la mémoire collective et la rigueur que l’on se doit d’avoir au moment de l’aborder.
L’album se déroule dans et autour du Moustic Hôtel, où le jeune Spirou exerce son métier de groom. C’est là qu’il rencontre Fantasio, déjà confiant en ses capacités de journaliste, à la recherche du moindre petit scoop mondain. Mais l’important est ailleurs ! L’hôtel est en effet choisi comme terrain neutre par les polonais et les nazis pour retarder ou empêcher l’irréparable. Spirou, que son jeune âge rend encore crédule, gagne progressivement en maturité par rapport aux dangers à venir, guidé qu’il est par une jeune et jolie collègue qui ne le laisse pas indifférent…
Le génie de l’album vient du fait qu’Emile Bravo arrive à combiner deux éléments. D’une part, la gravité du sujet et son caractère angoissant, amplifié par le trait résolument passéiste (en témoigne la couverture) qui offre un charme indéniable à l’ensemble et nous replonge dans l’époque. D’autre part, l’humour que l’on se doit de retrouver dans un Spirou et qui est ici savamment dosé et intercalé entre des scénettes plus noires.
L’idée était osée, le dénouement tout autant, et l’auteur, sans en faire trop, s’en sort admirablement bien ! Bravo !
Nicolas Raduget
Chronique du Tome 3
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