La Belle et la Bête (Sobral) – Delcourt – 11,50€

Parution : 03/2008
Dans une terre reculée, des villageois vivent sous la terreur du Maître de la forêt, celui qu’ils surnomment la Bête. Un jour, poursuivant une étrangère, ceux-ci attirent son attention. Après avoir rappelé les lois qu’il a édictées et qui leur interdisent de le déranger sous peine d’attiser sa colère, le monstre emmène avec lui la jeune Bellyana. Il découvrira vite que la belle appartient au village et qu’elle ne l’a suivie dans son château que pour mettre fin à la malédiction, en ramenant l’artefact qui rendra sa prospérité aux terres arides. Malgré cela, une volonté étrange se cache derrière les actes de la Bête, et Bellyana sera traitée avec bienveillance par celui qui semble posséder un lien ancien avec elle…
Quand l’auteur des Légendaires s’attaque à une histoire classique de la littérature, cela donne quelque chose de particulièrement nouveau ! En adaptant très librement le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (rendu populaire par le film de Jean Cocteau), Patrick Sobral s’autorise quelques libertés qui donnent un ton moderne. Certains lecteurs trouveront cela trop différent de l’œuvre originale, d’autres (comme moi) salueront sa vision personnelle de l’histoire. Après tout, un livre est écrit pour que chacun puisse imaginer sa propre réalité. En redonnant vie à La Belle et la Bête, Sobral leur donne un nouveau corps, une nouvelle psychologie et de nouvelles motivations. Tout est très organique, les personnages vivent toujours dans la forêt mais en font partie intégrante, jusqu’à devenir eux-mêmes végétaux. Un jusqu’au-boutisme qui témoigne de cette adaptation très adulte, où la Belle n’est plus une douce ingénue fragile et la Bête une royale créature libre de toute pression. Le graphisme, toujours inspiré des animés japonais, est toutefois plus fouillé, précis et réaliste que pour sa célèbre série jeunesse.
Sombre, désespéré, un one-shot magnifique et tragique que je ne peux que recommander à tous, sauf aux plus jeunes.
Arnaud Gueury

Retrouvez l’interview de Patrick Sobral ici !