Rencontre avec Dépé – Dessinateur des Lames de Yulinn

« Le mal venu de l’Est est en train de recouvrir Morkhisis de son linceul de ténèbres. Il est temps pour la prophétie de se réaliser. Il nous faut réunir les cinq lames de Yulinn. Telle sera ta mission. Le sort de notre planète est entre tes mains, chevalier Jahrann de Breephene. »

En juin est sorti le premier tome d’une nouvelle série d’heroic fantasy créée par deux jeunes auteurs, Mortenzen et Dépé. En un an devraient sortir les trois premiers volumes qui en constitueront le premier cycle. Pour parler de cette saga sanglante et héroïque, retrouvons son talentueux dessinateur.

Chronique du tome 1 ici.

Retrouvez des extraits des trois tomes de la série et de son futur projet à la fin de l’interview.

Bulle d’Encre : Bonjour ! Quelle est la sensation de voir sa première BD personnelle dans les bacs ?

Dépé : Je dirais que c’était une délivrance car, après avoir connu quelques retard dus a des problèmes techniques de fabrication, voir enfin l’album dans les bacs, 11 mois après l’avoir fini, ça fait très plaisir.

BDE : Comment s’est déroulée la rencontre puis la collaboration avec Mortenzen ?
DP : Tout vient d’une amitié qui est née devant un barbecue avec un verre de rosé a la main, une envie commune de faire une aventure de fantaisie et de s’amuser. Et puis hop, c’était parti !

BDE : Le scénario rappelle les plus grands titres de l’heroic fantaisy. Y as-tu pris part ?
DP : Oui, j’ai effectivement collaboré au scénario. En tant qu’ancien joueur de jeux de rôle, j’ai apporté la touche fantasy au scénario plus inspiré de la 2e guerre mondiale en trame de fond et d’aventure au premier plan.

BDE : Tu as enchaîné sans pause les trois tomes des Lames de Yulinn. Quels sont les avantages de ce choix ?
DP : L’idée était de rester dans la dynamique de la narration sur les 3 premiers tomes. Ils forment un premier cycle qui pose les personnages et l’intrigue de l’aventure qui doit suivre.

BDE : L’univers de Yulinn semble très recherché, avec une carte du monde en première page. Quelles ont été tes références visuelles ou graphiques ?

DP : Mes références sont multiples et variées. A 34 ans, j’ai un peu voyagé, je suis un amateur de cinéma fantastique et d’aventure, lecteur de bandes-dessinées et d’art, enfin beaucoup d’inspirations. Sinon j’ai mes maîtres en BD : Juan Gimenez, Enki Bilal, Moebius, Caza… et j’en passe !

BDE : Les couvertures de ce type de BD mettent souvent en avant de jolies filles pour attirer l’œil du lecteur. Ce n’est pas vraiment le cas sur cet album ! Comment s’est fait le choix et l’éditeur l’a-t-il accepté facilement ?
DP : En fait, on ne s’est pas posé autant de questions sur la couverture. On a retravaillé la composition qui était plus centrale sur la première version, mais voir Zarlgoth et son armée en couverture de L’Aube du Mal était une évidence pour tout le monde.

BDE : As-tu pris autant de plaisir à dessiner le Prince Zarlgoth que Yulinn, deux personnages très opposés ? As-tu mis du temps à trouver leur design ?

DP : Autant de plaisir en effet ! Il est toujours plus amusant de passer du coté sombre à la lumière que de se cantonner a ne faire que des monstres ou que des gentils. Quand aux personnages, ils nécessitent tous un stade de recherche afin de trouver un design qui corresponde à la fois à leurs caractéristiques physiques et à leurs caractères.

BDE : Les personnages sont superbes mais que dire de tes paysages ! As-tu utilisé des techniques particulières pour ces grandes planches, notamment celles des champs de bataille ?
DP : En fait, j’ai fait une petite carrière dans le dessin-animé en tant que décorateur. C’est sûrement de là que me vient cette manie de faire des paysages et des décors assez fouillés…

BDE : Chaque lieu se distingue facilement par sa couleur propre. Comment as-tu travaillé avec le coloriste pour mettre en valeur les décors ?
DP : Effectivement j’ai travaillé en étroite collaboration avec le coloriste en lui évoquant quelles étaient mes envies dans un premier temps, puis je lâchais un peu la bride afin qu’il me fasse des proposition personnelles (j’aime qu’on m’amène des choses nouvelles qui me surprennent). Et ensuite on voyait ensemble des points de détail pour affiner le résultat final.

BDE : Peux-tu nous parler de ton autre projet, Les Révoltés de Galdamesh (toujours chez Soleil) ?
DP : C’est un nouveau projet qui me tient également à cœur et que je réalise avec un ami de 15 ans, Thierry Guigues, qui à mon sens va faire parler de lui dans les années à venir. Il est riche d’une imagination novatrice dans le scénario de bande-dessinée et il a quelques projets en cours et à venir qui ne manquent pas d’intérêt. En ce qui concerne Les Révoltés de Galdamesh, il s’agit d’un mélange de genres mixant la fantasy et la science-fiction, ce qui n’a pas été trop exploité jusqu’alors dans la BD. De la magie, des objets intelligents, une légende millénaire, voilà une partie des ingrédients qui composent cette nouvelle saga inspirée encore une fois par notre passé commun de joueurs de jeux de rôle.

BDE : Comment fais-tu pour être aussi prolifique ?
DP : J’aime dessiner, j’aime les histoires que je raconte… et ça suffit ! 😉

BDE : Une exposition de tes planches et originaux s’est tenue à Lyon jusqu’au 27 juillet. Comment as-tu été sollicité et quel en est le bilan ?
DP : Cette exposition est le fruit d’une rencontre avec Dominique Labourier, le galeriste, qui a été très enthousiasmé par mon travail. Aussi il a pris en charge l’organisation de cette manifestation exposant les premières planches du premier tome des Lames de Yulinn. En toute modestie, ça s’est très bien passé, bien au-delà de toutes mes espérances et ce grâce au formidable travail de communication de Dominique. Et je profite de cette interview pour le remercier une fois encore car je lui dois beaucoup.

BDE : Pour finir, sur quelle série aurais-tu rêvé de travailler ?

DP : Haaa… En voilà une bonne question… Je vais donner trois réponses car elles le méritent autant les unes que les autres, mais dans des styles très différents :
Calvin et Hobbes… touchante, tendre et émouvante, un plongeon dans l’enfance… j’adore !
Le Grand pouvoir du Shninkel… un vrai chef d’œuvre… c’est la BD qui m’a donné envie de faire de la BD.
Et pour finir La Caste des Métabarons… Ca c’est vraiment une belle saga comme je les aime. Celle-là j’aurais aimé la faire, mais Gimenez s’en sort à merveille !

BDE : Merci à toi.

Propos recueillis par Arnaud Gueury.

Interview réalisée le 11 octobre 2007.

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