« Je ne vous apprends rien en vous disant que c’est un beau merdier qui nous est tombé dessus!, s’agite Davin. Comme si cela ne suffisait pas que la famille Kilmon se fasse dessouder, il faut en plus que l’aïeul ait disparu depuis plus de 80 ans!
— Et qu’il ait lui-même failli se faire dessouder à la même époque, complète Milton avec un sourire malicieux. » Je décoche un regard noir à mon partenaire. Notre supérieur est déjà assez agité comme ça, pas la peine d’en rajouter ! Davin relève heureusement à peine la remarque et replonge immédiatement dans sa litanie. Milton et moi l’écoutons patiemment nous rappeler la complexité de la situation. Et c’est vrai que c’est un beau merdier !
D’après la loi, si Kilmon ne refait pas surface un mois après sa disparition, la K-Orb se retrouvera sans propriétaire légal et sera placée sous la tutelle de l’Etat pour une période de cinquante ans. Au-delà, Kilmon sera considéré comme mort et la K-Orb sera introduite en bourse et vendue. Toute la subtilité dans cette affaire est de savoir si on commence à compter à partir du constat de la disparition de Kilmon, à savoir il y a trois jours, ou à partir du moment vraisemblable de sa disparition, il y a 81 ans. Evidemment tous les vautours qui veulent s’approprier une part de l’empire K-Orb arguent que Kilmon a disparu depuis largement plus de 50 ans, donc qu’il peut d’ores et déjà être déclaré mort et la K-Orb vendue. De l’autre côté, les employés sont légitimement inquiets pour leur avenir et ne souhaitent pas voir leur groupe morcelé et bradé. Ils réclament donc l’application de la mise sous tutelle afin de laisser une chance à leur « patron », comme ils disent, de se manifester durant les 50 prochaines années comme le prévoit la loi. Au milieu de tout ça même les juristes de la Confédération sont perdus et ne parviennent pas à se décider clairement sur la suite à donner aux évènements. Donc si d’ici un mois on ne sait pas plus qu’aujourd’hui si Kilmon est mort ou vivant, cela laisse présager l’un des plus beaux imbroglios juridique et social que la Confédération ait connu. En clair, tout le monde compte beaucoup sur nous pour déterminer où ce type est passé ! Avant que Milton n’ait le temps de sortir à Davin une connerie du style « Un mois pour retrouver un type disparu depuis 81 ans, facile ! », j’enchaîne avec un sobre « Nous allons faire tout notre possible, Monsieur ». Cela a l’air de le calmer un peu.
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