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Je le suis jusqu’au labo du commissariat où le caisson de Kilmon a été ramené pour expertise. là se trouvent déjà Cal-Taman et un autre homme, que l’on me présente comme étant le sergent Artack, du département scientifique. « Tout d’abord, commence Cal-Taman, il faut savoir que nous avons examiné le Phobos : il ne manque aucun engin de secours, le vaisseau ne semble pas avoir été arraisonné pendant le vol et il n’y a aucune trace de Kilmon, y compris à la place d’un autre passager. De plus le caisson de Kilmon indique depuis le début du vol qu’il y a une erreur et qu’il fonctionne à vide. Kilmon ne se trouvait donc à notre avis déjà plus dans le vaisseau au moment où il a décollé.
– Le hic, continue Artack, est que le caisson cryo de Kilmon a été actionné, or on ne peut normalement le faire que de l’intérieur, une fois la porte verrouillée, c’est ce qui garantit la présence et le consentement du passager. Mais il est possible à quelqu’un qui connaît bien la technique d’accéder depuis un panneau latéral aux commandes de mise en hibernation. C’est un travail pointu mais Kilmon en était je pense capable. D’ailleurs quand on regarde les enregistrements de bord, la cryogénisation de Kilmon a été activée 20 bonnes minutes après celle des autres passagers de son compartiment et il y a des traces de manipulation du panneau latéral. Nous pensons que Kilmon est entré dans son caisson, a attendu que tout le monde dans son compartiment se place en hibernation, est ressorti et a actionné l’hibernation depuis l’extérieur pour faire croire au vaisseau que tout était normal. En effet, les fonctions vitales du passager sont gérées par le caisson de façon indépendante, donc le vaisseau n’a pas connaissance que le tube fonctionne à vide. Il y a une marge de trois heures entre l’embarquement et le décollage, Kilmon peut donc prendre tout son temps pour sortir discrètement du Phobos, d’autant plus qu’il connaît certainement très bien les lieux car le cargo, comme la station de décollage, ont été conçus par K-Orb, donc en partie par Kilmon. – Et bien messieurs je vous félicite, tout cela semble se tenir.
– Attendez, dit Artack en souriant, nous avons gardé le meilleur pour la fin. Vous savez que ces tubes cryo sont réglés sur mesure pour leur passager. Nous avons un peu fouiné dans le système de régulation et découvert qu’un petit malin assez doué en informatique pour l’époque avait réussi à faire cohabiter deux réglages dans le caisson de Kilmon, un qui s’affiche sur l’écran de contrôle du tube et qui correspond au dossier médical de Kilmon, et l’autre utilisé dans les faits par le tube cryo et qui n’est pas du tout adapté pour quelqu’un de la corpulence de Kilmon, le tout indécelable par la procédure classique de contrôle des tubes. S’il avait hiberné, Kilmon ne se serait jamais réveillé et aurait fait partie des statistiques malheureuses de non résistance à la cryogénisation au même titre que les deux autres morts du voyage.
– Si je vous suis bien, dis-je, Kilmon a non seulement organisé sa propre disparition il y a 81 ans mais il a de plus échappé à une tentative de meurtre. »
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